lundi 31 octobre 2011

Du quotidien

        Quasiment un mois que je suis arrivée et beaucoup de choses me paraissent normales, la routine, mais en prenant du recul, je me rends compte que pour vous, qui êtes loin ce qui suit vous paraîtra exotique.

Ainsi dans cette article je vais conter quelques éléments, qui rythment ma vie au quotidien.

Le matin le soleil se lève vers 5h, je le sais, car ce matin à 5h je sortais d'une césarienne et j'ai ainsi pu voir le levé du soleil. En général, j'ai un œil qui commence légèrement à s'ouvrir et je peux entendre l'appel à la prière des musulmans (première des cinq prières de la journée, si je ne me trompe pas). J'aime bien entendre ce chant lent et répétitif, il me donne l'impression de faire parti du village. Cependant il faut bien tendre l'oreille et savoir qu'il s'agit de cela sinon on peut passer à côté.

Après je me rendors un peu jusqu'à 6h00, où la cloche de l'air de prière sonne pour réveiller les enfants, car il faut se lever pour l'école. Ici pas de réveil, rare sont les maisons qui ont l'électricité. Les adultes se réveillent, je pense, soit tout seul avec le soleil, soit grâce au réveil de leur téléphone. Donc 6h premier son de cloche. L'air de prière est juste derrière mon boukarou et l'école primaire Saint Joseph (école catholique privée) derrière la maison d'accueil. Par conséquence j'entends très bien la cloche et je sais qu'il me reste encore 1/2h avant de me lever. A 6h30, deuxième son de cloche, plus long celui-là, les enfants doivent quitter leur maison pour rejoindre l'école, qui doit débuter vers 7h je pense. C'est également mon heure pour me lever ( ces temps-ci j'ai tendance à me rendormir). Mes préparatifs pour la journée sont bercés pour les cris et les chants des enfants, qui vont à l'école en passant par la rue derrière chez moi.


Les derniers préparatifs matinaux achevés : douche donc l'eau est à température ambiante, en ce moment j'ai un peu de mal , le froid commençant à pointer le bout de son nez, l'eau est froide le matin et je me remémore nos baignades familiales en Bretagne pour apprécier ces douches.

Petit-déjeuner à la maison d'accueil pour l'instant (je devrais avoir une bouteille de gaz demain, ainsi je vais commencer la nouvelle aventure de préparer mes repas moi-même).
Au menu du petit-déjeuner : thé, pain (souvent très dure, parfois j'ai la chance d'avoir du pain qui ressemble à de la brioche, mais c'est peu fréquent), un matin l'intendant n'avait pas pu trouver de pain, j'ai donc eu des beignets à la farine de haricot : un délice avec de la confiture. Et donc confiture avec le pain. Souvent je regarde France 24 pour avoir des nouvelles du monde, mais c'est temps-ci la TV est gâtée (gâté = cassé, périmé). La maison d'accueil ouvre à 7h et je dois être au travail à 7h30, alors le temps que le cuisinier (ou Rosie son assistante) prépare le petit-déjeuner et que je le prenne, je suis systématiquement en retard au travail en général j'arrive vers 7h45. C'est-à-dire extrêmement à l'heure pour l'Afrique (et c'est pas moi qui le dit). Je vous raconterais dans un autre article la vie à la maternité.

Vers 13h, soit 13h30 je quitte la maternité direction la maison d'accueil, où je déjeune toujours seule, car mes voisins se préparent leurs repas eux-même.
Au déjeuner : des crudités en entrée : tomates, concombres, oignons, cresson, elles changent selon les jours et les arrivages. En ce moment nous avons beaucoup de tomates, on m'a dit qu'en saison sèche (mars, avril) nous n'en trouverons plus. Pour le plat c'est viande bien cuite avec souvent une sauce (je ne sais pas ce qu'elle contient mais c'est bon) et féculents : patates douces, pommes de terre, bananes plantins (hum j'en raffole mais elles sont rares), ignames, préparés de différents façons : fris, sauté, en purée ou fours. En dessert des fruits : bananes, goyaves et pamplemousse. Là encore la présentation diffère : goyaves sans préparation, compote de goyaves (j'en suis fan), pamplemousse au sucre, salade de fruit avec ces trois fruits (j'adore également). Le tout arroser de beaucoup d'eau, on boit biensûr plus d'eau qu'en France. Je bois de l'eau filtrée, pour préserver mes intestins de Nassara. Mon amie Claire (une américaines qui travaille au Lycée) est ici depuis un an et bois de l'eau du forage. Je vais laisser le temps à mon corps de faire des anticorps africains et je m'y mettrais dans quelques mois.
Le midi très souvent je déjeune devant mon ordinateur, car le câble internet est dans la maison d'accueil (c'est de là que je vous parle sur skype). C'est le moment de la sortie des classes, c'est un grand moment pour les nouveaux arrivants. Notre oreille est attirée par le chant des élèves qui sortent de l'école. Certains instituteurs donnent le rythme des chants avec un sifflet, d'autres ordonnent la marche au pas (gauche-droite) repris en cœur par les élèves. A travers le grillage, nous apercevons ces cortèges de jaunes et verts (couleurs des uniformes des élèves) bien organisés et joyeux. C'est un plaisir tous les midis d'assister à cette sortie de l'école.

Après le déjeuner, c'est la pause jusqu'à 15h30, souvent j'en profite pour faire la sieste. Puis 15h30 je retourne à la maternité.

A 17h la journée de travail est fini, c'est très rare que je quitte la travail avant 17h30 ou 18h, il y a souvent pleins de choses à régler avant la nuit (des radio de thorax de bébés, des césariennes, des antibiotiques à rajouter, des transferts qui arrivent et qu'il faut gérer...)

La nuit tombe à partir de 18het à 18h30 il fait nuit noire, alors on sort peu après, car les rue ne sont pas éclairée, la vie est donc ralentie dès la tombé de la nuit. En tout cas la mienne. Toujours avoir sa lape torche sur soi, outil indispensable pour la vie ici.
Je rentre dans mon boukarou, flâner sur internet, souvent je rejoins Kaïda (un des deux médecins) à la maison d'accueil et nous restons là devant nos ordinateurs la télé allumée sur le foot si il y a un match. Le foot au Cameroun c'est le sport national et Kaïda m'a dit «Tous les Camerounais aiment le foot, si tu n'aimes pas le foot tu n'es pas vraiment Camerounais ». Parfois il y a Francis aussi l'internet de Yaoundé en stage pendant 16 semaines (il est arrivé il y a deux semaines déjà).

Puis c'est le dîner que je prend en général vers 20h, au menu du dîner : soupe systématiquement : soit un mélange de légumes, soit soupe oignons et farines (pas mal celle-là), puis riz (gluant), pâtes ou le fameux mélange de purée d'ignames et reste de spaghettis de la veille. En dessert des fruits comme le midi.

Comme vous pouvez le voir, je ne meurs pas de faim et je ne suis pas prêt de maigrir.

Je me couche vers 21h avec un livre ou un film, bercée par le bruit des enfants qui rentrent du foyer ou de la paroisse.

Certains soir à 18h30, il y a la petite messe, l'air de prière étant derrière chez moi, ma soirée est alors accompagnée des chants religieux en langue traditionnelle (fufuldé certainement pour l'instant je ne comprend pas) ou en français.

Parfois la chorale des enfants de chœurs répète, encore à l'espace de prière et le dimanche matin il y à la messe, et ses très beaux chants.


Comme vous pourrez remarquer ma vie est comblée de nombreuses chansons, ce qui est très agréable et permet une certaine douceur de vivre, qui va bien avec mon rythme de vie ici.

Le foyer des jeunes, juste derrière chez moi, où il y a la fête jusqu'à 22H tout les samedi soirs, comme je vous expliquais précédemment

lundi 24 octobre 2011

Après la faune voici la flore.

           Cet article sera surtout composé de photos, ce qui fera la balance avec les longs articles sans image.

La première et la plus importante des plantes, que je vais vous décrire est le mil. Il est partout et est le céréale le plus important de la région. Je vous en ai certainement déjà parlé et bien le voici en image. Il y a deux sortie de mil, le blanc et le rouge. Le blanc selon ce que j'ai compris pousse plus vite que le rouge, mais au niveau nutritionnel ils ont la même richesse. Ils sont le céréale de base de l'alimentation dans la région avec la fameuse boule de mil, dont je vous montrerais des images dès que j'en aurais.




Le mil qui sèche pour faire des réserves pendant la saison sèche

La boule de mil est accompagnée le plus souvent d'une sauce faite à base de Gombos, dont vous voyez si après la fleur, le fruit et le fruit qui sèche également pour faire des réserves.

 






Le coton, je ferais un article spécial sur le coton, car j'ai pu prendre aujourd'hui en photos les différentes étapes de la pousse du coton. En voici cependant un échantillon.

L'arachide (appelé chez nous la cacahuet):
 

Le soja:


La canne à sucre (pas de rhum sur place, mais du sucre):

Le maïs sec: 



Le riz (en vrai et en pousse) en effet on sort de la saison des pluies, il reste donc assez d'eau encore pour cultiver le riz:


Les poids de terre (comme son nom l'indique on mange les grains contenu à l'intérieur d'une cosse dans la terre) très bon quand ça vient juste d'être cuit:


Le Kalcidra, on écrase les fruits pour en faire de l'huile, qui permet d'hydrater la peau des enfants:



Le sésame:




Ainsi vous voyez beaucoup de plante que l'eau connait chez nous, mais toujours prêt à la consommation alors que ici c'est en plantes et que les cultivateurs doivent les travailler pour les rendre apte à la consommation. Beaucoup de gens ont leur champs ici, ainsi moins de consommation dans les supérettes que chez nous (pas de supermarché à Tokombéré, peut-être à Maroua).







































































































































































































dimanche 23 octobre 2011

De retour à la maternité.

Léo me demandait des histoires de chasse. J'en ai déjà pleins, j'ai vu ici en 3 semaines quasiment plus que, ce que j'ai vu en France en 5 ans. Je vais vous en raconter deux en particulier.

Bien entendu je vous raconte les plus marquantes, mais elles ne sont pas représentatives de ce qui se passe quotidiennement à la maternité. La plupart des femmes accouchent très bien et leurs enfants vont bien. D'ailleurs j'ai remarqué qu'il y a beaucoup moins de déchirures ici que chez nous. L'allaitement est une évidence et l'idée de manquer de lait n'effleure aucun esprit. Il faudrait revoir la vision de l'allaitement en France et prendre des enseignements auprès des africaines.

Avant de vous raconter les deux histoires qui suivent, je vais commencer sur une note positive, ce matin j'ai enfin deux beaux accouchements, les enfants allaient très bien (enfin avec une petite réa pour l'un d'entre eux) et les mères aussi. Cela m'a fait un grand plaisir et du bien au moral après les journées éprouvantes que l'on vient de passer.


Je vais volontairement commencer dans l'ordre inverse de la chronologie de ces histoires, afin de finir sur une note positive.

Jeudi, j'ai vécu ce que je redoutais le plus, j'ai mis en péril la vie d'une femme, par une absence de diagnostic.

Cette femme s'est présentée à la maternité accompagnée de sa mère et de son unique enfant, qu'elle avait eu quelques années plutôt par césarienne. Ainsi, comme vous l'aurez compris elle avait un utérus cicatriciel donc plus fragile, nous n'avions pas de renseignements sur sa césarienne précédente. Elle ne parlait pas français et seulement Amos comprenait sa langue. Sans trop comprendre quel avait été son parcours avant d'arriver chez nous, nous l'avons admise. Je l'ai examiné et ai décidé de tenter une épreuve du travail ( de tenter l'accouchement par les voies naturelles) , on ne percevait pas les bruits du cœur de l'enfant, je ne voulais donc pas créer un utérus encore plus fragile pour enfant mort. Elle avait mal, il me semblait comme une femme en travail, la poche des eaux était rompue, mais aucun liquide ne coulait. Je l'ai surveillé régulièrement (toutes les heures), le col se dilatait de façon satisfaisante 1cm/h, la tension restait bonne 10/6 et le pouls était au environ de 100, pas exceptionnel pour une personne qui a mal.

La journée c'est déroulée ainsi avec une dilatation acceptable, cependant je n'étais pas tranquille et l'inquiétude m'a tenu toute au long de la journée. En revenant de la pause déjeuner, EWEKE m'a faire part de ses observations, pour elle la femme avait rompu son utérus, elle trouvait que la paume de sa main blanchissait et qu'elle avait des signes de défenses quand on lui touchait l'abdomen. Elle m'a raconté l'histoire d'une femme qui avait rompu son utérus, le sang avait coagulé dans le ventre et elle était morte quand on avait fait l'incision. Tout ça pour vous dire que mon inquiétude étaient loin d'être diminuée. J'ai décidé alors de tester son anémie et de déterminer son groupe sanguin, au cas où on devrait faire une transfusion. EWEKE a discuté avec sa mère d'une transfusion, sa mère (probablement malnutri ne voulait pas lui donner son sang, si le besoin venait à apparaître, car elle se sentait trop faible).

A 17h la femme était à dilatation complète, ce qui me rassurait un peu, la tête par contre ne descendait pas. Je croise Thierry le médecin en charge de la maternité. Je lui parle de cette patiente (qu'il connaissait pour l'avoir vu le matin) et il décide de faire la césarienne. Mais 17h est l'heure où les services se vident et le chirurgien n'était pas sur place, ni à Tokombéré d'ailleurs. Nous avons donc attendu qu'il rentre. A 20h30, nous sommes rentrés dans le bloc, la femme était en état de choc avec une TA : 6/4. Il fallait donc la transfuser avant de commencer l'opération. Gornet le chirurgien a été discuter avec la mère (lui aussi connaissait leur langue) il a convaincu la mère de donner son sang. Pendant que Amos prélevait le sang, je suis allée finir une suture d'une femme dont il venait de finir l'accouchement, de retour au bloc, l'opération avait commencé. L'enfant était bien mort et même macéré, l'utérus était rompu ainsi que la vessie. La femme a failli mourir, mais grâce aux chirurgiens et à l'anesthésiste qui la maintenu à une bonne tension, grâce à de l'adrénaline, elle a tenu le choc, sa tension est remontée et elle est toujours vivante actuellement. Comme dit Thierry elle est très résistante. L'opération c'est fini à 1h30 après une hystérectomie (ablation de l'utérus) et la réparation de la vessie.

Elle est actuellement en service post-opératoire, elle tient le coup, mais elle est abandonnée par son mari et ici quand votre mari n'est plus là vous n'avez plus de ressources.

C'est une histoire qui finit bien et j'en retiendrais deux choses, suivre les conseils d'EWEKE, elle est l'exemple vivant des gens qui n'ont pas été à l'école, ont appris à lire et compter avec le temps, mais qui ont une grande expérience des choses et sont souvent de très bon conseils, des sages sans en avoir l'air. Deuxième conclusion, ce que j'ai appris en France il ne faut pas seulement l'adapter aux moyens que l'on a ici, mais aussi à l'histoire des patients et ce sera le plus difficile.


La deuxième histoire, elle est à mon sens une de mes victoires.

Quelques jours avant l'histoire précédente, nous avions reçu une femme, qui estimait sa grossesse à 5 mois avec une HU à 36cm (HU= hauteur utérine, sa mesure permet d'estimer la date de la grossesse, or pour une grossesse à 5 mois la HU est d'environ 22cm et à terme à 32cm) vous comprendrez donc notre malaise. De plus au capteur ultrasons, nous avions trois foyers de bruit de cœur fœtal, nous soupçonnions donc une grossesse multiple, sans savoir si elle était triple ou gémellaire. La femme était hospitalisée pour une asthénie importante (une grande fatigue) et une grande anémie. Nous avons mis en place la traitement de quinine (traitement contre le paludisme) et le traitement contre les contractions (salbutamol en comprimés, le pharmacie étant en pénurie de salbutamol intra-veineux pour l'instant), son état ne s'améliorait guère et le jour où se passe l'histoire, elle voulait rentrer chez elle, mais comme je vous ai déjà dit la nature est très bien faite et le travail c'est déclenché (vous comprendrez après pourquoi je dis que c'est bien).

Son col se dilate jusqu'à 2cm avec des contractions régulières, et stagne à cette dilatation. La poche des eaux bombait et nous n'avions plus de bruit de cœur fœtal. Ici ils considèrent que le travail commence à 4cm et ne rompent pas la poche des eaux avant (chez nous on considère que le travail débute à 2cm et la rupture de la poche des eaux est un moyen de déclencher le travail). Je discutais de cela avec Thierry et suggérait de rompre la poche des eaux, il ne semblait pas convaincu par cette idée. Pendant ce temps EWEKE me faisait part de son avis, selon elle la femme n'avait une grossesse multiple, mais un hydramnios (une trop grande quantité de liquide amniotique) et que c'était cela qui provoquait la grande HU et l'accouchement prématuré. J'étais contente que le travail commence, car au vue de l'état de la femme, elle n'aurait pas pu mener sa grossesse à terme.

A 13h le col, ne s'étant pas dilaté plus que 2 cm (depuis 3h de temps), je décidais qu'au retour de ma pause déjeuner (cette fameuse pause déjeuner, qui me permet de réfléchir au calme sur les situation en latence à la maternité et donc de prendre du recul) je romprais la poche des eaux, je le disais à Thierry, qui m'a répondu de faire comme il me paraissait le plus juste.

De retour à 15h, je fais cette fameuse rupture de la poche des eaux et là une quantité de liquide amniotique comme je n'en avait jamais vu, deux bassins entier et la HU est passée de 36cm à 26cm en 5 minutes, un liquide sanglant (il y avait donc du sang émis dans la cavité utérine). Toujours pas de bruit du cœur fœtal, et la dilatation a repris. Mais la femme a plongé dans un état de choc (TA : 6/4), il fallait encore une fois transfuser rapidement. Elle était de groupe O+ et ses 4 accompagnants ont été testés pour la transfusion, la seule qui aurait pu donné avait l'hépatite C ( on teste la compatibilité sanguine, ainsi que le HIV, les hépatite B et C), il n'y avait donc pas de donneur possible. Me sachant de groupe O+ et sachant que ça se fait ici de donner son sang, je suis allée au labo pour tester ma compatibilité et j'ai donné mon sang. C'est Amos, qui a fait le prélèvement et pendant que la poche se remplissait, il m'a confirmé que tous les membres de l'hôpital qui le peuvent, ont déjà donner au moins une fois. Lui-même avait déjà donner plusieurs fois et le faisait si le besoin se présentait en respectant un délais de 3 mois entre les dons.

Pendant que nous remplissions la poche (il était déjà 17h30) la femme a accouché et quand j'ai vu ce qui est sorti j'ai été très contente d'avoir décidé de cette rupture de la poche des eaux. En effet, l'enfant était extrêmement malformé au niveau des parties buccale et laryngée, avec une énorme tumeur, ce qui expliquait l'hydramnios, l'enfant ne pouvant avaler le liquide amniotique.

Voici une belle réussite et la femme s'est très vite remise après, elle est d'ailleurs sortie vendredi (l'accouchement s'est fait mardi) très heureuse et en quasi pleine forme. Temwa, qui l'avait reçu au dispensaire en consultation, m'a dit plus tard que cette femme lui avait signifié que cette grossesse n'était pas normal et pas bonne.

Faire confiance à la nature, aux femmes (et à EWEKE)

jeudi 20 octobre 2011

Un dimanche à la montagne.

                  Comme je vous ai dit précédemment, dimanche dernier Etienne m'a proposé d'aller à la montagne. Je ne savais pas exactement laquelle et après discussion nous avons décidé d'aller à Géréfawa, dans la montagne d'Etienne et Luc. Lorsque j'en ai discuté avec le Père Bernard la veille, il m'a bien fait comprendre que l'ascension était bien grande et difficile, mais n'ayant pas peur de grand chose, je ne me suis pas formalisée de ces paroles. 


Le Père Bernard, nous ayant proposé de nous accompagner au pied du piemont, nous voici parti pour une longue excursion que je ne soupçonnais pas.

Le plus dur fut la première montée, une montée rocailleuse et rude, pour mes jambes et pieds de parisienne se fut un petit supplice. Mais dès que l'on veut bien lever le regard du sol, on voit la beauté de l'Afrique, dans ce petit matin arrosé de brume.




Pendant cette première montée, je soufflai et devrai être rouge écarlate, pendant qu'Etiene devant moi n’émettait pas une perle de sueur. Il a même gentillement proposé que nous fassions une pause afin que je puisse me reposer.

Voici une illustration des cette fameuse montée :

 Certes les amateurs de montagne trouverons que c'est dérisoire, mais je suis une quasi novice en la matière.

Une fois montée, le chemin est très étroit mais plus facile, car nous arrivons sur le plateau. Par la suite se fut une balade d'environ deux heures, au cours de laquelle Etienne m'a fait un cours de botanique que je vous détaillerai dans l'article sur la flore. Ceux qui viendront me rendre visite, je vous emmènerais dans cette montagne, c'est splendide.

Ainsi nous nous sommes baladés, parmi les herbes hautes:


Comme vous pouvez le voir j'ai perdu l'ensemble de l'eau de mon corps pendant cette excursion, alors que pas une perle de sueur ne perlait sur le front d'Etienne.

Encore quelques images de notre excursion :





Et oui en plein milieu du plateau un grand barrage, qui permet étang artificiel, dans lequel Etienne, Luc et leurs amis ont appris à nager.

Autre découverte dans la montagne un puits traditionnel :



Du mil partout nous entoure, comme je l'ai déjà dit la récolte se fera bientôt.

Le mil déjà coupé qui sèche, à proximité la gombo, qui sec sera conserver pour le reste de l'année (plus sur le gombo dans l'article « flore »).




 Des nids d'oiseaux
Et des villages


Après avoir vu toutes ces choses, nous sommes arrivés à notre destination final:Géréfawa. Ce dont je ne m'étais pas rendu compte c'est que nous allions à la case de la paroisse, dans laquelle Luc et Etienne ont passé beaucoup de temps avec d'anciens coopérants. A Géréfawa, vit également la famille de Luc et Etienne, ainsi j'ai été chez eux, rencontrer leur mère et leur famille en général.
J'ai pu manger la fameuse boule de mil avec la sauce d'arachide. Mais comme je reste moi-même ici comme en France, la batterie de mon appareil photo était déchargée, donc les images suivrons avec lors d'une autre excursion, où quand je remangerais la boule de mil.

Le retour fut plus simple, mais descendre est parfois plus difficile que monter. Nous étions dans un chemin sur lequel il y a des singes parfois, pour ce premier passage je n'ai pas eu la chance de les voir. La prochaine fois, avec mon appareil photo rempli.

Un dimanche bien rempli, sans trop de fatigue pour autant.
Le week-end prochain c'est la colline Baba Simon qui est au programme, moins haute et au centre de Tokombéré (avec un appareil photo plein de batterie cette fois).
  

mardi 18 octobre 2011

A vous d'écrire

Cet article c'est vous qui aller le faire.

En discutant avec certains d'entre vous qui lisez mon email, vous m'avez suggéré des idées d'articles. Ainsi en préparation vous attendent:
- un dimanche à la montagne

- la famille

- la nourriture

- la flore (très proche celui-là)

- la Inch' Allah' africain (ou un autre train de vie)

- une semaine à la maternité

- un article sur l'hôpital

Là où vous intervenez, ce sont dans vos idées. Si vous avez des sujets que vous voulez que je traite voici un espace pour me le dire. Je ferais alors mes investigations pour répondre au mieux à vos questions.

Un samedi chez les jeunes


             Sans avoir forcément quelque chose de prévu le passé week-end (Etienne un jeune ami de 17 ans m'avait dit que nous allions à la montagne, mais je ne savais pas laquelle), j'ai décidé d'aller à la paroisse voir si le Père Grégoire était là. Il n'y était pas, mais le Père Bernard (le troisième père de la paroisse et le seul noir des trois) était présent. Il était très content de ma visite. Le Père Christian lui avait dit de s'occuper de moi, alors que je sois venu le voir était une bonne démarche. Je suis restée chez lui une partie de l'après-midi, des jeunes, enfants ou adolescent allaient et venaient. Il est plus spécialement chargé des jeunes dans la paroisse. Et des jeunes je peux vous dire qu'il y en a!


       Au moment où je voulais partir, il m'a raccompagné, au passage il m'a fait visiter le foyer des jeunes. C'est une cour entourée de différents bâtiments (photo plus tard), qui contiennent une salle de vidéo, une bibliothèque, le bureau du surveillant (Adama) et une salle d'étude. La cotisation au foyer des jeunes est de 1300CFA (je vous rappelle 1000CFA=1,5 €) pour l'année et l'accès au foyer est alors illimité avec les soirées gratuites. D'ailleurs le soir même il y avait une soirée organisée dont l'entrée était payante (100CFA).

          Avant de partir, nous avons convenu que nous nous retrouvions avec le Père Bernard, pour aller prendre un verre le soir. A 18h30 pétante le Père m'appelait, direction le Kribi, le bar-restaurant Hotel de Tokombéré. C'est un projet de jeunes entrepreneurs de Tokombéré et dans ce cadre la paroisse a participé au financement.
Nous étions avec Abel Adama le surveillant du foyer de jeune. Nous avons eut des discussions très intéressante et j'en ai appris d'avantage sur la famille camerounaise (enfin sur la famille dans la région). Je consacrerai un article rien que pour ça prochainement. Ce que je peux vous dire déjà c'est que la famille a une place très importante ici, avec en premier lieu la mariage mono ou polygame et les enfants. Quand je raconte que nous sommes deux enfants dans ma famille, tout le monde est étonné. Ici la norme est de six (10 c'est considéré comme beaucoup, deux ça n'existe pas). Après discussion le Père Bernard va essayé de me faire rentrer dans les ordres et Adama de me marier ! Biensûr le tout sur un ton de la rigolade, avec un soupçon de vrai (les paris sont ouvert).

Nous avons bu, moi deux coca (normal biensûr), et les autres de la bière 33 export. Ici les bouteilles sont de 90cl, alors je vous promet qu'avec deux coca, on n'a plus très faim après. Pourtant en rentrant à la paroisse, nous avons dîner avant de nous rendre à la soirée des jeunes (la foyers de jeunes est en face de la paroisse).

              Ce samedi c'était spectacle, d'autres fois c'est soirée dansante ou théâtre. Dans le foyer des jeunes finit la pagne et les longs djelaba des musulmans, bonjour les hauts moulants et les jeans slim - filles comme garçons. Au programme du spectacle : danse, playback et scketch. Les danses, je vous propose de visionner 15 minutes de Trace Urban (chaîne musicale R'nB), vous mélangez avec de la danse et de la musique traditionnel et vous obtenez les déhanchés des filles et les jeux de jambes des garçons. C'était très sympa et marrant. Il y avait environ 200 jeunes. Je trouve ce principe de foyer des jeunes très bien pour eux , ils ont un endroit à eux, géré par eux (il y a un président avec son gouvernement). Ils gérent les activités, les ressources et Adama en plus d'être leur surveillant général est assistant social. C'est un endroit où les jeunes peuvent se réfugier, il évite qu'ils passent le week-end à errer et leurs permet d'entreprendre des projets (comme par exemple une excursion pendant les vacances).

Au retour chez moi à 22h, j'avais vécu un moment de vie que je ne soupçonnais pas 8h avant. Les gens sont chaleureux et accueillant.
(à suivre un article sur le dimanche)

vendredi 14 octobre 2011

Ma vie de blanc parmi des noirs ou Nassara !




              En préambule de cet article je tiens a préciser, qu'il s'agit de mon ressenti personnel au bout de 15 jours de vie ici. Cela signifie, qu'il ne faut en aucun cas généraliser ce que je vais dire à l'ensemble des vécus des blancs en Afrique, de plus que ce que je ressens actuellement va certainement évoluer.

          A l'hôpital, je ne ressens pas la différence de couleur de peau. Quelques petites choses me le rappelle mais rien de pesant. Les gens me vouvoient, quasiment toute l'équipe de maternité, sauf les aide-soignantes qui sont plus âgées et alternent entre le vouvoiement et le tutoiement. Je leur demande à tous de me tutoyer , mais c'est difficile pour eux.

           D'autres petits signes : les gens me disent plus facilement bonjour, me serre la main (ici pour dire bonjour, on se serre tous la main), notamment les personnes âgées. Quand ils ne me disent pas bonjour, ils me regardent passer, sans réel jugement.

           Ce que je trouve très drôle ce sont les petits enfants entre 1 et 3 ans environ, qui n'ont jamais vu un blanc, ils me regardent avec des yeux ronds et finissent par se mettre à pleurer, ce qui me fait rire ainsi que leur mère.

            Quand je sors de l'hôpital c'est une autre histoire. Je ne suis pas beaucoup sortie pour l'instant, mais le peu de sorties, que j'ai faites, m'a permis de vivre la différence. J'ai l'impression qu'être blanche parmi des noirs, n'est pas la même chose qu'être noir parmi des blancs. Dans les deux situations le colonialisme a laissé ses traces.

             Les noirs en France ne sont pas aussi bien traité que les blancs en Afrique. Ils ont les emplois que les blancs estiment indignes d'eux : éboueur, homme ou femme de ménage, agent d'entretien dans les hôpitaux ou les bureaux, garde d'enfant. En Afrique, qui a déjà entendu parlé d'un blanc qui garde les enfants d'un noir ou qui fait le ménage chez lui. De plus, quand les noirs arrivent en France, quelques soit leur niveau de qualification, ils sont quasiment systématiquement rétrogradés à juste titre parfois, mais pas toujours. Quand je suis arrivée dans cet hôpital personne ne m'a demandé mon diplôme et je fais des actes, que je n'ai pas le droit de faire en France, mais comme je suis blanche, j'ai le savoir, donc le droit de tous faire.

         En-dehors de l'hôpital je sens les même regard qu'à l'intérieur, mais un peu plus méfiant, car je ne porte pas de blouse. Certaines personnes viennent spontanément me serrer la main, beaucoup me disent bonjour, en particulier les adolescents. J'entends autour de moi, Nassara ! Nassara ! Cela signifie « blanc » en fufuldé (le principal dialecte parmi les 15 ou 16 de la région).

           En discutant avec Luc (oui oui toujours le même, nous avons de longs et intéressantes discussions tout les deux), je sens la chance qu'il m'a été donné de naître en France. Je la sentais déjà avant de venir, mais là c'est flagrant. En premier lieu la santé, je l'ai déjà abordé dans d'autres articles, ici on ne vient pas pour un petit mal à l'hôpital, d'ailleurs la santé est payante et la question de l'argent est très présente à l'hôpital, c'est indispensable. La participation des patients représente 1/3 des finances de l'hôpital, qui ne reçoit pas de subvention de l'Etat, alors qu'il est hôpital de district. En second lieu l'éducation; nous européens, ne percevons plus l'importance de l'éducation. C'est rentré dans nos habitudes, un enfant à l'âge de 3 ans rentre à la maternelle et ira avec plus moins de facilité jusqu'au bac et fera des études supérieurs, qui même si elles ne sont pas gratuites, sont abordables pour beaucoup d'entre nous. Ici dès l'entrée au CP (l'école est obligatoire de 6 ans à 15 ans) il faut payer l'écolage : le prix de l'école privée de Tokombéré est de 10 0000 CFA l'année soit 15€, ce qui est une somme importante a réunir surtout quand on a 6 enfants et que les frères et sœurs, qui habitent la montagne et ont moins d'argent que vous, vous envoi leurs enfants (il faut payer pour eux). J'ai rencontré Augustin le fils d'Eweke, qui à 23 ans. Il voulait devenir prof d'espagnol, il a passé un an à Ngaoundéré (dans le centre du pays), mais faute d'argent, cette année il fait l'école normal de Maroua.

Je n'écris pas cet article pour qu'on plaigne les gens ici, d'ailleurs ils se plaignent moins que nous. Ils se débrouillent comme ils disent. Je veux juste vous faire partager l'autre réalité que je vie ici.

            Je pense que les gens sont heureux, on rit beaucoup, avec les collègues, les patients et leurs accompagnants. On connaît son voisin et les gens du village. Luc m'a raconté une histoire qui m'a-t-il dit l'a choqué : un jour il s'était rendu à Rumsiki (près de la frontière Nigérienne) avec des français. Ils se sont rendus dans un restaurant, dans lequel il y avait d'autres français. Au cours de la discussion les deux groupes de français se sont rendus compte, qu'ils étaient voisins dans leur village de Bretagne. Luc ne pouvait pas comprendre comment des voisins ne se connaissaient pas, ici c'est impossible. Chez nous c'est chose fréquente.

Je pense à l'heure actuelle qu'il n'y a pas de conditions de vie meilleures, que se soit ici ou en Europe. Par contre, je suis revenue sur mon idée qu'être sans papiers en France est pire que vivre au pays. Je ne sais pas ce qui est le mieux pour eux et je pense que nous blancs, nous ne pouvons pas savoir cela et nous ne pourrons jamais le savoir avec la répartition actuelle des richesses mondiales.