mardi 20 décembre 2011

Baba Simon

Comment vivre à Tokombéré sans aborder Baba Simon ?

Baba Simon était un prêtre camerounais. Il est né au début du XXème siècle à Edéa, ville du Sud du Cameroun. Il est décédé à Douala en 1975.
Ses parents sont de la religion traditionnelle, les musulmans sont déjà bien implantés dans le pays, mais le début du XXème siècle voit le début de l'évangélisation du Sud-Cameroun, avec l'intervention des prêtres allemand, remplacés après la première guerre mondiale par des prêtres français (pour rappel suite à la défaite de l'empire prussien, le Cameroun initialement colonie allemande devient un protectorat franco-anglais, ce qui explique la double langue nationale actuellement).

Mpeke, car c'est son vrai nom, va à l'école des prêtres de la mission, ce qui l'amène à la sortie de l'adolescence à se faire baptiser, moment où il recevra son prénom catholique « Simon ». Puis il devient instituteur dans les écoles de la mission, jusqu'au jour où l'évêque de Yaoundé décide d'ouvrir un séminaire, afin de former un contingent de prêtres indigènes. Ainsi Simon Mpeke fait parti de la première promotion de prêtres indigènes du Cameroun (il en existait déjà au Sénégal).


Après avoir travailler dans sa paroisse d'origine, le Père Simon est affecté dans le quartier de New-Bell à Douala, où il restera de nombreuses années à vivre au quotidien avec les populations et à mener ainsi son action d'évangélisation.

A la suite, d'un voyage en France, qui a abouti à son entrée dans les petits frères de Jésus et au voyage de l'évêque de Douala dans le Nord du Cameroun, Simon Mpeke décide de se rendre dans l'extrême nord du Cameroun pour évangéliser les populations Kirdi.


C'est donc en 1959, que Simon Mpeke, alors âgé d'environ 50 ans, devenu Baba Simon arrive à Mayo-Ouldémé (dans la région du Mayo-Sava) et rejoint rapidement Tokombéré peu de temps après, qui a une place centrale entre différentes ethnies de la région.

A cette époque, les musulmans dominent la région. Ils sont en général peuls et détiennent de grands troupeaux ou exploitations, les Kirdi sont leurs vassaux.
Les Kirdi sont les habitants originaires de la région (au contraire des Peuls, qui d'origine nomade, se sont installés dans la région par la force). Kirdi signifie païens, c'est à dire dans ce contexte, croyant animiste (de la religion traditionnelle). Ils vivent en ethnie, chacun sur leur montagne. On retrouve encore chaque ethnie aujourd'hui, mais ils sont mélangés et vivent ensemble, en partie grâce à Baba Simon. Il sont Mouyang, Madda, Zoulogo, Moloko, Mandara...

Ils se font la guerre, sur la plaine au centre de leurs montagnes : Tokombéré : littéralement la lieu du combat. Pour autant les mariages intra-ethnie sont mal vus, les hommes prennent donc des femmes des autres ethnies. Les enfants appartiennent à l'ethnie de leur père, ce qui est encore le cas aujourd'hui.

Quand Baba Simon est arrivé à Tokombéré, il veut évangéliser les Kirdi, leur apporter la parole de Dieu. Quel n'est pas sa surprise quand il comprend que les Kirdi connaissent Dieu depuis bien longtemps, que les grands prêtres traditionnels conversent avec Lui de temps en temps. Ils savent qu'il est le créateur de tout sur cette Terre et vivent une relation très étroite avec Lui dans le quotidien. C'est bien le même Dieu pour tous : Mouyang, Madda, Zoulgo... Seuls les rites diffèrent. Dans l'ensemble les rituels sont des sacrifices, comme le sacrifice de la chèvre, du bœuf ou du poussin. Chaque rituel à des codes précis et des dates précises. Ainsi quand Baba Simon vient leur parler de Dieu (après avoir passé beaucoup de temps avec eux), les Kirdi leurs répondent que bien sûr, tout ce qu'il leur dit ils le savent déjà. Qu'il ne leur apprend rien. Alors Baba Simon pense que sa mission n'a pas de fondement, mais une chose l'interpelle, et Jésus dans tout ça, où se place t-il ?

Voici ce qu'a apporté Baba Simon : l'idée que chaque homme est le fils de Dieu. Les Kirdi savent que Dieu est leur Père, mais ils n'ont pas compris la conséquence directe, à savoir qu'ils sont les fils de Dieu et que des devoirs en découlent. Par exemple si ils sont les fils de Dieu, alors ils sont frères entre eux, chaque être humain qu'ils soient Mouyang, Zoulgo ou Madda est fils de Dieu. Or on ne fait pas la guerre à son frère, on ne lui jette pas des sorts. S'amorce alors la fin des guerres ethniques, je dis s'amorce car les dernières dates environs de 1990, m'a-t-on dit.

Autre conséquence, la prise en charge de soi. Si on est le fils de Dieu, on doit faire en sorte d'être digne de son héritage et de travailler de telle sorte à faire pérenniser son héritage, d'où la promotion humaine : la projet santé, le projet agricole, le projet éducation, le projet jeune, le projet féminin. Comme j'ai dit précédemment les Kirdi sont les vassaux des musulmans, en raison de cette place sociale, ils ont en quelque sorte perdu leur dignité humaine, Baba Simon s'applique à leur rendre.

Grâce à sa doctrine « l'école est une clé de la vie », Baba Simon concrétise l'une des premières marche de la promotion humaine, avec la création d'une école, qui commence au pied d'un arbre à même le sol, pour aboutir aujourd'hui à l'école St Joseph, dont j'ai déjà parlé précédemment. Environ 20 ans après la mort de Baba Simon, ses successeurs continueront son œuvre, avec l'ouverture à proximité de Tokombéré, d'un collège Baba Simon. Collège général et rural, qui a pour but d'accompagner les enfants pour acquérir des bases sur lesquelles s'appuyer pour débuter leur vie dans l'environnement qui les entoure.

En parallèle de l'arrivée de Baba Simon à Tokombéré, le docteur Maggi (médecin suisse), qui a déjà ouvert des hôpitaux dans le nord-cameroun, décide d'installer son nouveau projet de santé à Tokombéré. Ainsi appuyé par Baba Simon, il commence ces premières consultations dans une case et petit à petit l'hôpital s'agrandit, pour devenir celui que nous connaissons aujourd'hui « hôpital privée catholique et de district ».

Baba Simon tombe malade en 1974, au commencement il est soigné à Tokombéré, puis après un séjour dans les hôpitaux français, il finit par s'éteindre au début de l'année 1975 à Douala. Son corps est ramené dans son village natal, près de Edéa où il est enterré.
Son œuvre perdure aujourd'hui, grâce en autre à l'un de ses successeurs, le Père Aurenche. Médecin et prêtre, il arrive à Tokombéré quelques semaines après le décès de Baba Simon et reprend la tête de l'hôpital et plus globalement le projet de promotion humaine, pour les faire grandir et leur donner la vigueur qu'ils ont aujourd'hui.

La population de Tokombéré est de la région du Mayo-sava reste imprégnée de l'aura de Baba Simon. Ses descendants ont d'ailleurs entamé des démarches, en vue de le faire canoniser et souhaite que son corps soit transférer à Tokombéré pour qu'il y soit enterré, probablement sur la colline où il aimait tant se retirer pour prier. La colline qui porte actuellement son nom, au centre de Tokombéré, point de vue du l'ensemble des montagnes environnantes et sur le village lui-même. Elle accueille en ces hauteurs une aire prière et conserve la case, dans laquelle Baba Simon passait des heures à méditer.








(j'ai tiré toute cette biographie du livre de Grégoire Cador "On l'appelait Baba Simon", toutes mes excuses si ma mémoire m'a fait défaut sur certaines dates)

vendredi 9 décembre 2011

Campagne de vaccination


         Cette semaine a eu lieu une campagne de vaccination de masse, contre le méningoccoque A, responsable de méningites dans les régions les plus arides du pays et les pays alentours.

Cette campagne de vaccination a été proposée et financée par l'UNICEF., le gouvernement camerounais l'ayant rendu obligatoire, dans les régions du grand-nord et et du sud-ouest. En totalité pour le district1 couvert par l'Hôpital Privé de Tokombéré, 12 000 vaccins ont été mis à la disposition des vaccinateurs.

Les vaccinateurs sont des infirmiers de l'Hôpital, qui ont été réquisitionnés spécialement pour cette campagne par le surveillant général de l'hôpital (le Dr ADOUKARA = dentiste) et par le pharmacien (le Dr TADA) chargés de la bonne réalisation de cette campagne. Ils ont reçus une formation et depuis lundi parcours tout les matins les pistes de la régions, pour vacciner toutes personnes entre 1 et 29 ans. En effet le nombre de vaccins n'est pas suffisant pour vacciner l'ensemble des habitants, ainsi la population cible sont les 1 an - 29 ans (même parfois il y a des ratés, et puis ici qui connait vraiment son âge?).

Afin de recruter un maximum de villageois, le programme prévoit en plus des infirmiers vaccinateurs, des mobilisateurs, qui sont des habitants des villages, chargés de faire du porte à porte pour inciter les mères à venir faire vacciner leurs enfants, ainsi que les jeunes adultes.

Les mobilisateurs


La fin de la campagne est prévue samedi, des sessions de rattrapages vont avoir lieu ce week-end, avec un élargissement de la population cible, si il reste des vaccins.

J'ai eu l'opportunité de participer une matinée à une séance de vaccination à TCHAGAWOLE dont voici les photos.






Lavage du bras avant la vaccination

Le stand de vaccination





Une nassara avec une aiguille, de quoi traumatisé à vie un enfant

Avant

Pendant

Après



Tout le matériel dans un carton et le tout sur la moto
Ce fut une très agréable matinée, qui m'a permis de mieux découvrir la vie quotidienne dans un village, ce qui est fort différent de Tokombéré et encore plus de Maroua. Beaucoup d'enfants ne sont pas scolarisés. Ils ont la peau très sèche et sont souvent sales (surtout en cette saison de fraîcheur où l'eau est trop froide pour se laver). Nombreux sont ceux dont les écoulements nasaux ont séché à même les lèvres et les mouches s'en régalent.



Je me suis réellement senti dans les conditions reculées que l'on imagine de l'Afrique noire. Mais comme toujours les rires et la joie règne à tout moment. Ils sont dans la misère (dixit un ami camerounais), mais ils savent prendre du recul sur leur situation et ne pas s'apitoyer sur les conditions de vie. De plus ils sont très accueillants, nous ont offert le repas (la boule de mil blanche, que j'apprécie beaucoup) ainsi que des arachides préparés.

Ce fut une excellente matinée, de convivialité (avec Mangavé l'infirmier que j'accompagnais) et les habitants de ce petit village.











































1. District : la santé au Cameroun est répartie par district, dans l'établissement principal est un Hôpital, en général public (L'hôpital Privé de Tokombéré fait exception, il est Hôpital de district depuis 2004, car il assurait les missions d'un hôpital de district.). En plus de l'hôpital, le district comptent des dispensaires (centre de premiers soins, dont le personnel est en majorité infirmier). Le district de Tokombéré comprend également les PMI et les matrones, qui sont assurés par les villageois.

samedi 26 novembre 2011

La vie à l'hôpital !

Dans cet article je vais aborder deux thèmes, qui racontent la vie quotidienne de l'hôpital et qui sont très symboliques de la différence d'organisation entre nos deux pays.

Dans une premier temps, j'expliquerais le rôle des accompagnants dans la vie quotidienne de l'hôpital. Dans un second temps, j'aborderais la question de l'argent, qui est centrale et auquel je suis confrontée tout les jours.


Commençons pas les accompagnants.

Il s'agit de personnes de la famille du malade, qui restent tout au long de l'hospitalisation de celui-ci à son chevet. Ils sont principalement des femmes. Les épouses quand il s'agit d'un homme, les mères en pédiatrie, les pères, les maris, les frères, les sœurs, les mères, les tantes ou même les coépouses. Ils vivent à l'hôpital pour quelques jours.

Ils ont un rôle essentiel dans la vie de l'hôpital. On ne peut pas accepter un patient si il n'a pas d'accompagnant, car ici pas de service hôtelier. Cela va des draps pour les lits à la nourriture. Nous trouvons cependant quelques personnes seules, qui n'ont rien à manger, alors les accompagnants des autres malades leur donnent à manger.

Chaque patient doit amener un drap pour couvrir son lit, on retrouve ici la place centrale que tient le tissu (ou pagne) dans la vie des gens. En maternité, les femmes ont également une sorte de bâche en plastique qu'elles mettent sous le drap pour protéger le matelas (lui-même en plastique) des souillures du sang et des urines et selles des nouveaux-nés. Peut-être ces bâches sont présentes dans les autres services, mais je ne les ai pas remarqué. Ce sont souvent les accompagnants qui préparent les lits des patients, car ceux-ci peuvent être trop faible pour le faire eux-même.

Quand un patient vient à l'hôpital, ces accompagnants suivent avec un paquet (souvent sur la tête) qui contient : les marmites, les gamelles pour l'eau, de la nourriture : le mil et les accompagnements pour faire la sauce. Ainsi que des vêtements de rechange pour les patients et eux-même.

En ce qui concerne la maternité, les accompagnantes (se sont essentiellement des femmes), s'occupent également d'éliminer les gros déchets des accouchements, c'est-à-dire les bassins remplis de sang. Ils récupèrent le placenta que nous leur donnons dans un petit sac plastique et se charge de le remettre au reste de la famille qui va l'enterrer. Ce sont elles, qui aident les patients pour leurs besoins et pour le bain des bébés. Elles ont aussi la charge de balayer le sol des salles d'hospitalisation.
Nous voyons quelques hommes, notamment si nos patientes sont Nigeriannes. Pour les patientes des environs, j'ai plutôt remarqué que se sont les mères ou les sœurs qui tiennent ce rôle. Les maris nous les voyons apparaître parfois quand l'enfant vient de naître (on se demande comment ils sont su que l'enfant vient juste de naître) et systématiquement pour payer . Seul les maris ont l'argent et fréquemment nous autorisons les femmes à sortir, mais elles ne quittent l'hôpital que 2 ou 3 jours après, car elles attendent leur mari qui doit venir payer.

Comme vous le voyez, nous trouvons beaucoup de femmes à l'hôpital et qui dit femme, dit enfant en bas-âge. Ainsi de nombreux enfants parcours les allées de l'hôpital et nous accompagnent dans notre quotidien. Ce sont souvent eux qui ont peur des Nassara, surtout quand les femmes viennent de la montagne et que les enfants n'ont encore jamais vu de blancs.

Cette organisation m'a fait réfléchir sur celle de nos hôpitaux français. Nous savons qu'une des dépenses les plus importantes de nos hôpitaux sont les services d'hôtellerie, or avec ce système de Tokombéré voici une économie non négligeable. Si nous imaginons transposer ceci chez nous, finit les plats sodexo immangeables et les patients abandonner dans les hôpitaux. On pourrait imaginer des cuisines communes, où les accompagnants préparaient les repas des patients et des machine à laver libre service. Cela créerait certainement plus de joie à l'hôpital (ce qui ne serait pas un mal). Biensûr cela entraînerait des contraintes comme devoir prendre des jours de congés, voir se déplacer dans une autre ville si on n'habite pas près de la personne malade, cette organisation changerait beaucoup de choses à l'hôpital dans son ambiance, dans les rapports des soignants (y compris les médecins) aux patients .

Ma mission consiste à apporter une partie de mon savoir technique, je pense qu'ils vont m'apprendre leur savoir humain.

Seconde partie de cet article : l'argent.

Il est omniprésent dans notre quotidien, chaque jour nous écrivons sur les dossiers « sort si paye ».

A l'Hôpital Privé de Tokombéré, comme dans le reste du Diocése, les responsables ont pris le partie de faire payer les soins au forfait et non à l'acte comme c'est souvent pratiquer dans les autres centres de santé. Par exemple un accouchement pour une femme du secteur sanitaire de Tokombéré coûte 3500F, hors secteur 7500F (je vous rappelle 1000F=1€50). Ce tarif correspond à l'accouchement normal, sans intervention autre. Quand on commence à faire une intervention : perfusion de syntocinon (inducteur de contractions) ou que l'on fait une révision utérine le prix augmente. De même en cas de déchirure ou d'épisiotomie la suture coûte 2000F.

Ce forfait comprend également les médicaments les plus utilisés comme le paracétamol, l'amoxicilline (pénicilline) ou encore le Fer. Les médicaments les plus chers comme la Tramadol (antalgique utilisé pour les césariennes) sont payant. Et qui dit payant, dit avance de frais, et c'est là où réside une de mes difficultés.

Par exemple la césarienne pour une femme du secteur coûte 20 000F, si la famille n'avance pas les frais on ne fait pas la césarienne. On doit attendre que la famille amène l'argent. Ainsi très souvent entre la décision de césarienne et la césarienne effective nous patientons un heure, voir plus. Vous pouvez imaginer aisément l'état de malaise dans lequel je me trouve pendant cette heure. Heureusement je n'ai pas encore eux besoin d'une césarienne pour souffrance fœtale, mais j'ai pratiqué fréquemment des réanimation de nouveau-né dans le bloc-opératoire.

Les examens de laboratoire sont également tous payant : la NFS (Numération Formule Sanguine) coûte 1000F, de même pour la goutte épaisse (examen diagnostique pour le paludisme). Tous les jours je pèse le pour et le contre de prescrire un examen supplémentaire à mes patientes, car je vais leur engendrer des frais en plus, alors que la clinique oriente déjà mon diagnostique. Par exemple devant une fièvre à 39°C, on traite systématiquement pour un paludisme sans attendre la goutte épaisse, de plus si celle-ci revient négative on poursuit le traitement contre le paludisme, car si le plasmodium (parasite qui donne le paludisme) est en cours de multiplication dans les globule rouge il ne se verra pas à la goutte épaisse. En conclusion devant une forte fièvre, quelque soit le résultat de la goutte épaisse on donne le traitement contre le paludisme.

Pareillement devant une fièvre néonatale, on ne met pas d’emblée les antibiotiques, car la famille doit alors payer les antibiotiques, ainsi que l'hospitalisation du nouveau-né. On commence par un temps d'observation, si la fièvre persiste on met en place le traitement.

L'argent est constamment présente dans nos réflexions médicales et dans nos conduites à tenir. C'est une des difficultés que j'ai le plus ici. Au début, je me disais que j'allais rester en retrait de cet aspect du travail, mais c'est impossible.

De nouvelles rencontres


Voici bien longtemps que je ne vous ai fourni la lecture. En voici les explications.


Je viens de passer une semaine à Maroua, dans le cadre des journées des nouveaux arrivants dans le diocèse.


Maroua est la grande ville de la région. Elle est la préfecture de la région de l'extrême-nord (au Cameroun le nom des région correspond à leur situation géographique dans le pays). Ainsi Tokombéré est dans l'extrême-nord la région en dessous de la notre est le Nord avec comme chef-lieu Garoua et ainsi de suite. Voici une carte pour mieux vous rendre compte.

Le Père Bernard, dont je vous ai déjà parlé, m'avait proposé de d'assister à la semaine des nouveaux arrivants dans le diocèse de Maroua-Mokolo (cf carte). Heureuse de sortir de Tokombéré et de découvrir cette fameuse Maroua, dont j'ai tant attendu parlé. Maroua l'eldorado du ravitaillement ! J'acceptais donc avec enthousiasme, contente de pouvoir faire de nouvelles rencontres, même si à Tokombéré je fais encore des nouvelles rencontres tous les jours.

Ainsi lundi matin, rendez-vous à 6h30 avec le Père Bernard, direction Maroua. Nous sommes partis vers 7h15 après un petit-déjeuner et avoir attendu la Soeur Roselyne qui assistait également à la session. Et après un mois ½ passé à Tokombéré, me voilà sur la route qui m'a amené de nuit le 3 octobre dernier. Je peux apprécier les paysages, de montagnes et de plaines. La route pour rejoindre Maroua commence par de la piste durant environ 30 à 45 minutes (selon que nous soyons en voiture, en moto ou en mini bus). Pour ce premier voyage, nous étions dans la R5 du Père Bernard. Pour vous donnez une idée de la piste : nos chemins de forêts sont une route de grande qualité par rapport à la piste, qui est parsemée de gros trous et de sable. Je peux ainsi apprécier la résistance des voitures.

Arrivée à Maroua, nous allons à la Procure (je vous expliquerais par la suite), qui est également l 'évêché, et la session dont le début était prévu à 8h, commence dans la ponctualité à 9h. Par la suite les organisateurs (le Père Bernard et le Père Henri) ont confié à un participant une cloche de bœuf, que ce dernier faisait sonner pour rythmer les début et les fins d'interventions. L'Homme a une grande capacité de conditionnement car après deux jours nous reconnaissions tous ce signal, afin de nous rendre dans la salle le matin ou après la pause le midi.

Lors de la première matinée, après le tour des présentations, je me suis aperçue que j'étais la seule laïc ou la seule à ne pas être ouvrière apostalique. Ainsi pour la première fois de ma vie, j'ai passé la semaine entourée de sœurs, novices (aspirantes pour être sœur), de prêtres, ou de séminaristes en stage. J'ai partagé la chambre avec la sœur Roselyne (j'ai eu peur qu'elle me demande de faire la prière du soir, mais non elle ne la faisait pas non plus). La cerise sur le gâteau on m'a de nombreuses fois appelé « Soeur Adèle », il n' y a bien qu'ici que je peux être appelée ainsi (peut-être le Père Bernard va gagner son pari).

Passé les premiers temps à me demander si j'avais réellement ma place dans ce groupe, j'ai laissé les choses se faire et ai passé un très bon moment. Parmi les sœurs, quatre d'entre elles, sont originaires du Congo Kinshasa, une autre du Burkina-faso et une française ayant vécu 27 ans à Yaoundé. Parmi les prêtres, il y avait un Nigerian (originaire du Nigeria), James très sympa et réfléchi, un Congolais Steve du Congo Brazaville, très bavard, mais jovial et agréable à vivre avec des discussions intéressantes. Un italien, originaire de la région de Venise, qui m'a-t-il dit à appris à son cuisinier camerounais à préparer les pâtes et les pizza à l'italienne. Un français originaire de Nanterre, ainsi que d'autres prêtres camerounais. Nous étions en tout 23 en comptant les deux organisateurs.

J'étais donc à l'évêché entouré d'ouvriers apostaliques, avec un programme établi pour eux. Ainsi nos journées étaient rythmées par de nombreux moments de prières. A 6h30 (une fois 6h15) et ce tout les matins, il y avait la messe. J'ai copieusement évité cette première messe du matin, même si la sœur Roselyne s'appliquait à me le rappeler vers 6h20 pour que je n'oublie pas. Le dernier jour vendredi, j'ai quand même assisté à la dernière messe, de façon à honorer le Père Bernard qui m'avait fait participé à cette session et m'avait fait découvrir Maroua, je lui en suis très reconnaissante.

Après cette première messe du matin, chaque repas débutait par une bénédiction (au une petite prière) avec signe de croix pour ouvrir les festivités. « De même à la fin du repas » (les plus avertis reconnaîtront la référence), nous nous levions de tables et clôturions le repas par une nouvelle bénédiction. Ceci à chaque repas, donc trois fois par jour.

En fin de journée le programme prévoyait des vêpres, chose inconnue de ma personne. J'ai assisté aux premières vêpres, si j'ai bien compris il s'agit de lecture de prières contenues dans la Bible. Après avoir assistée aux premières vêpres, comme pour la messe du matin, je me suis permise de ne pas me rendre aux autres.
Ceux qui me connaissent, comprendront que cette ambiance a été un peu difficile pour moi, mais en-dehors de ces instants, j'ai passé de très bons moments et comme toujours ici nous avons beaucoup ri et la joie régnait en toute chose.

Le reste du programme était composé comme suit :

Lundi matin l'évêque : Monseigneur Stevens (Belge de nationalité) nous a fait une présentation du Diocèse, ainsi que des différents centres de formations qu'il contient : le grand séminaire à Maroua, le Collège Baba Simon à Tokombéré, le centre de formation des catéchistes à Mokolo, le centre Jéricho près Gurum et d'autres que je n'ai pas retenu. Par le suite nous avons eu de nombreuses interventions pour présenter les activités qui se déroulent dans le Diocèse, avec en particulier les Projet de Promotion Humaine, soutenu par le Centre de Diocésain de Développement qui suit et aide au financement des projets. Quasiment chaque paroisse a un Projet de Promotion Humaine, qui se décline en plusieurs activités :

    • le Projet éducatif : avec des écoles primaires privées et trois collèges privées (dont Baba Simon)
    • Le Projet jeune : projet très important, qui se compose lui-même de plusieurs volets : les cop'monde sorte de centre aérés où les enfant de 6 à 14 ans viennent jouer. Les plus grands encadres les plus petits et à travers les jeux il y a une mission d'éducation. Il y a également le MEJ : Mouvement Ecclésiastique des Jeunes : mouvement d'origine français, il a pour but de guider les jeunes chrétiens dans la foi. Les groupes vocationnels : pour les jeunes garçons comme filles qui se pose des questions sur un possible engagement dans le novicia ou le séminaire...
    • La Promotion féminine : groupe de femme, animé par des sœurs ou des bénévoles pour aider les femmes, notamment grâce à l'apprentissage de certains savoir faire comme la couture ou la vannerie. De plus ces groupes permettent de faire de la sensibilisation aux questions de santé propre aux femmes : planning familial, prévention IST...
    • L'Action Chrétienne pour la Famille : qui sont des groupes de paroles, pour permettre le dialogue dans le couple.
    • Le Projet Agricole : qui a pour but d'améliorer les rendement et de prévoir des greniers pour faire des réserves en prévision de la saison sèche. A ce projet s'ajoute le centre Jéricho que je développerais par la suite.
    • Le Projet Santé : avec 46 centres de Santé et l'hôpital Privée de Tokombéré. L'évêché gère l'approvisionnement des médicaments pour les centres de santé du diocèse, qui viennent y faire leur commande et chercher les médicaments dont ils ont besoin.

Voici en résumé les activités du Diocèse.

L'évêché est le lieu de résidence de l'évêque et oui j'ai également serré la main plusieurs fois à un évêque et est employé à maintes reprises « Bonjour Monseigneur », si on m'avait dit un jour que ça m'arriverait...

La procure est le lieu de gestion financière de l'évêché, c'est également dans ces bureaux que les ouvriers apostoliques (prêtre et sœurs ou encore les communautés religieuses) peuvent ouvrir un compte bancaire, car ici rares sont les personnes qui ont un compte bancaire. L'argent est gardé dans un endroit caché dans les maisons.

Au cours de cette semaine, nous avons fait une excursion au centre Jéricho, se fut je pense mon moment préféré.
 
Dans une mini van, à 18, soit 4 par banquette ( prévu pour 3), nous avons parcouru les pistes des environs de Maroua. Jericho est un centre de formation agricole, qui reçoit chaque année 12 couples avec leurs enfants, afin de leur donner une formation en agriculture et en élevage. La formation est en deux ans : la première année se fait au centre, chaque couple à 0,75 hectare de champs à cultiver, le reste étant des parcelles communes. Le centre possède également des vergés dont vous voyez les photos ci-après, ainsi que des troupeaux de bœufs, des chèvres, des poules et des porcs. La seconde année chaque couple retourne dans son village pour mettre en application sur ses propres terres les enseignements reçus au centre. Un accompagnement est fait par les formateurs du centre, qui rendent visite régulièrement au couple afin de les guider et de les conseiller.


Après cette semaine bien animée, j'étais contente de rentrer à Tokombéré pour une brève soirée, car le samedi j'avais prévu de retourner avec Claire (une ami américaine), à Maroua afin qu'elle me fasse découvrir le marché et cette fameux corne d'abondance.

Ainsi samedi matin rendez-vous à 7h chez Claire pour aller prendre le mini bus qui nous amenait à Maroua. Après avoir attendu d'autres passagers nous sommes parti vers 9h00 !

Le marché de Maroua est vraiment très grand, c'est en effet une source d'approvisionnement sans comparaison à Tokombéré. On peut même y trouver du beurre et du chocolat en tablette ! Ainsi que d'autres produit issu de l'importation, comme des boites de conserves ou de la confiture.

Nous avons également parcouru le marché artisanal, où sont vendus divers bijoux et produits issu de la vannerie (sacs, chaussures) et des vêtements. C'est un peu la place touristique de Maroua et c'est le pays de la négociation, où j'ai pu m'adonner à ce jeux amusant, en ajoutant quelques mots de fufuldé (langue du commerce), ce qui faisait beaucoup rire les vendeurs. Encore une fois, on ri beaucoup avec les marchant et les négociations se font dans la bonne humeur.

Maroua m'a pris la moitié de mon salaire !

dimanche 6 novembre 2011

Une semaine à la maternité (avec des images)



Voici le rythme de la maternité de l'hôpital privé de Tokombéré.


Je vais commencer par vous décrire les temps forts de la semaine, qui se déroulent systématiquement le matin. Ensuite je vous raconterai une journée type et pour finir je vous montrerai des photos de notre matériel avec les explications.

Lundi :

Le lundi est le jour de la déclaration de naissance, associé à la vaccination BCG et DT Polio des bébés nés dans la semaine passée. Il y a donc toutes les femmes qui sont hospitalisée dans le services, nous les envoyons au CPV : Centre de Vaccination et de Prévention, situé à côté de la pédiatrie. Viennent également les femmes qui ont accouchées chez nous et qui sont rentrées à la maison dans la semaine et celles qui ont accouchées à la case avec les matrones. Elles passent toutes nous voir pour qu'on leur donne leur certificat d'accouchement, qui leur permettra de déclarer leur enfant à l'état civil et ensuite c'est la vaccination.

Mardi, mercredi et samedi :

Ce sont trois matinées consacrées à la CPN (Consultation PréNatal) et la PTME : Prévention de la Transmission Mère-Enfant.
Odile accueillant une femme pour la CPN

La CPN : nous recevons toutes les primipares et les grandes multipares du secteur, considérées comme ayant des grossesses et des accouchements à haut risque. Les femmes ayant dans leurs antécédents des accouchements difficiles viennent faire suivre leur grossesse chez nous : antécédent de césarienne, ventouse, déchirures ou épisiotomie. Toutes les femmes suivies chez nous accouchent chez nous. Nous les voyons une fois par mois. Les jours de consultation sont répartis selon secteur géographique, ainsi le mercredi est celui que je préfère, car les femmes viennent principalement de Tokombéré, parlent donc français, je peux communiquer avec elles ce qui est agréable (cependant je fais de net progrès en fufuldé). Une fois par trimestre, nous leur donnons de la fongisone, qui est un déparasitaire et en fin de grossesse du fer pour prévenir les carences. Elles ont leur carnet de santé, dans lequel nous mettons un gros tampon qui permet le suivi de grossesse par les matrones, parfois illettrées. 
Le fameux tampon, vous y remarquerez les symboles suivants (de droite à gauche): la hauteur utérine, les mouvements de l'enfant, l'oeil pour la couleur des conjonctives, l’œdème des membres inférieurs, les médicaments et un espace libre pour noter les autres remarques.


La PTME : Prévention de la Transmission Mére-Enfant : le même jour que la CPN, nous faisons la PTME, d'ailleurs ce rôle est très souvent tenu par Damza, qui a fait la formation et connaît bien les différentes ethnies que nous recevons. La PTME est le dépistage du HIV et de l'hépatite B (Ag HbS). Ils sont fait chez toutes les femmes enceintes, même suivies par les matrones. Si une femme a le HIV, elle doit venir accoucher à l'hôpital, si elle a l'hépatite B, elle doit venir dans les trois jours, qui suivent l'accouchement pour faire vacciner son enfant contre l'hépatite B (Engerix).
Damza dans le petit bureau de la PTME

Nous faisons d'abord en entretien à toutes les femmes, puis elles vont au laboratoire, où l'équipe du labo fait les prélèvements. Quand toutes les femmes de la matinées ont été prélevées, une personne du labo les raccompagnent avec les résultats à la maternité, nous faisons alors un second entretien individuel pour leur rendre les résultats.

Parfois des femmes viennent accoucher spontanément à l'hôpital sans être suivi chez nous, nous faisons alors la PTME en salle de naissance, grâce à des technique de diagnostique rapide (les mêmes que pour les dépistages des donneurs de sang dont je vous ai déjà parlé).

Tous cela est bien organisé. Pour l'instant la barrière de la langue m'empêche de pouvoir participer pleinement à ces deux activités, mais je m'y intéresse de plus en plus.


En attendant leur tour les femmes sont assises sur des bancs dans la "véranda" de la maternité (notre salle d'attente)
Le Jeudi :

Le Jeudi matin, tous les membres de l'hôpital se réunit dans le CPHT (Centre de Promotion Humaine de Tokombéré), il s'agit d'une salle de réunion dans un espace attenant à l'hôpital, juste à côté de la maternité.
Nous faisons la formation continue. Le principe est qu'un programme est établi longtemps à l'avance, des thèmes sont choisit par le personnel et les infirmiers du service le plus concerné, prépare ce thème pour faire la formation aux équipes d'autres services (par exemple si le thème est malnutrition, je pense que ce seront les infirmiers du service de pédiatrie qui animeront la formation). Après un temps de latence, les formations continues ont repris jeudi dernier avec le paludisme, hélas je n'ai pas pu y assisté car le nouveau matériel de la maternité a été livré ce matin là.

Pour la maternité proprement dite, pas d'activité spécifique ce matin là.

Le vendredi :

Le vendredi matin est le jour des matrones. Si une matrone à plusieurs nouvelles patientes elle vient (ou il, les matrones sont également des hommes) à la maternité avec les carnets de santé de toutes les nouvelles patientes et nous leur donnons le matériel nécessaire pour faire les accouchements : les compresses, le coton, le sparadrap, désinfectant pour le cordon ombilical et fongisone. Chaque carnet est tamponné pour le suivi de la grossesse, car les matrones font la CPN au village, je pense à une fréquence de une fois par trimestre, peut-être un peu plus, pour chaque femme. Peuvent accoucher au village toute femme ayant déjà accouchée au moins une fois, de façon strictement normale. A partir du 4ème ou 5ème accouchement les femmes viennent accoucher à l'hôpital. Si on suspecte que la femme attend des jumeaux (ou plus) l'accouchement doit également se faire à l'hôpital. Toute femme ne respectant pas ces prérogatives et accouchant à la case alors que c'est contre-indiqué reçoit une amende: soit nous ne lui faisons pas la déclaration naissance de l'enfant (dans ce cas elle doit le faire par ces propres moyens) soit il y a une sorte de contravention, de même pour celles qui veulent venir faire suivre leur grossesse chez nous alors que ça peut être fait au village, payent 2500F au-lieu des 1500F prévus.
C'est EWEKE qui prépare le matériel des matrones en général et plus ou moins elle qui leur distribue.

Eweke pliant les compresses

La semaine est ainsi bien rythmée avec des activités différentes chaque jour.

En plus de ces activités particulière, chaque journée est organisée de la façon suivante :

Nous arrivons à 7h30 ( souvent vers 7h45 – 8h). avant notre arrivée la personne, qui a fait la nuit a procédé à la pesée des bébés et aux soins du cordon, qui sont fait chaque matin. En plus de cela, elle aura pris la tension et la température de chaque femme hospitalisée et la température de chaque enfant (parfois il y a des ratés, alors nous le faisons dans la matinée). Parmi ceux qui arrivent la matin, l'un de nous fait les soins de 8h ( renouvellement de perfusion, injection d'antibiotique ou d'antidouleurs au césarienne). Nous nous répartissons selon les activités de la journée. Si un femme est en travail, l'un de nous reste en salle de naissance. Selon l'activité du jour, un fait la CPN, un autre la PTME. Chaque matin il y a la visite, c'est-à-dire que nous examinons toutes les femmes hospitalisées, ainsi que leur enfant si elles ont accouchées. Une femme qui a accouchée normalement reste environ 48h, si tout va bien. Pour une césarienne, l'hospitalisation est de 7 jours et pour une déchirure ou une épisiotomie les femmes restent hospitalisées 5 jours et reçoivent des antibiotiques.
Notre espace pour les pesée matinale et les soins du cordon, il s'agit de la même pièce que pour la PTME

En générale je fais la visite avec Amos, si il n'ai pas de repos ou Odile parfois, il faut quelqu'un avec moi pour faire les traductions, car même si je progresse en fufuldé, les femmes ont du mal à comprendre ma prononciation et certaines ne parlent pas du tout fufuldé.


Notre cahier de transmission, dans lequel nous notons les traitements et les soins à faire pour chaque patiente ou bébé

Notre cahier médical, avec les fiches, qui sont les dossiers médicaux de nos patientes.

Un doudou avec la clavicule cassée.

Des jumelles



Après la visite, l'un de nous va à la pharmacie pour prendre les médicaments que nous avons prescrit aux patientes. Nous leur donnons les médicaments pour toute la durée du traitement, par exemple si elles ont du fer pendant un mois, on leur donne 30 comprimés de fer,et on leur explique la posologie (rythme de prise des comprimés). Une autre personne fait les examens prescrits : hématocrite pour estimer l'anémie, ECBU (examen des urines)...


Comme vous pouvez le remarquer les activités sont principalement concentrées le matin, comme dans nos hôpitaux français. Les après-midi sont souvent calme si aucune femme n'est en travail.
Nous en profitons pour préparer le matériel des matrones : compresses, que nous faisons nous même, la pharmacie nous donne de grands morceaux de tissu à compresse que EWEKE découpe et que nous plions pour en faire des compresses. Le coton : comme pour les compresses, la pharmacie donne de grands morceaux de coton que EWEKE découpe. Parfois je prévois un cours de fufuldé avec Thierry, nous nous installons sur la « véranda » de la maternité et devant les femmes et l'équipe de la maternité, j'apprends la conjugaison, les chiffres et une toute autre prononciation que la notre avec des sons que nous ne connaissons pas. Ces cours font beaucoup rire les femmes, mes collègues, Thierry et moi-même. Quand je n'ai pas cours, je les révise ou en profite pour approfondir mes connaissances du fonctionnement de la maternité, pour connaître la vie des gens d'ici. Les après-midi sont calme en général.



Comme promis voici quelques photos pour compléter les précédentes :

Notre table d'accouchement

elle est rétractable

Très pratique, mais collée contre le mur, la gauchère que je suis doit se tordre!

Sur cette photo vous voyez de gauche à droite: la bouteille d'oxygène pour les réanimation; le pèse-bébé, le stéthoscope de Pinard (pour écouter les rythmes cardiaque foetaux =  RCF), la table d'accueil des bébés, également table de réanimation bébé.

Le porte-manteau avec les tabliers pour faire les accouchements.

Le capteur ultra-sons également pour écouter les RCF ( la blanche que je suis adore!) Nous en avons reçu un nouveau que affiche les BCF, EWEKE adore car elle ne sait pas compter.

Le pèse-bébé de plus près.

Aspirateur de mucosité pour les bébés.

L'appareil à ventouse, quand un bébé ne veut pas sortir ( et oui je fais ça aussi ici).

Notre boite à aiguilles usagers: on fait le tri ici aussi (seulement pour les aiguilles).

Notre bac à décontamination des bassins, il contient de l'eau de Javel.

Une fois les instruments utilisés, nous les lavons, ils trempent 15 minutes dans l'eau de Javel, nous les faisons sécher et Eweke le amène à l'autoclave (Poupinel) pour être stérilisés.

Notre réserve de solutés.

Notre salle de pré-travail, qui est en fait l'entrée de la salle de travail.


Une salle d'hospitalisation, il existe aussi des chambres individuelles, qui sont payantes.  La plupart de nos patientes sont dans les salles communes, ce qui permet à certaines de me faire la traduction de celles qui ne parlent pas français et cela créé une bonne ambiance.

Le haut-vents où les accompagnants ou les patientes cuisines les repas (la boule de mil et la sauce).

A côté l'étendoir à linge (la lessive est faite à la main)

Les jars ou canaris, qui contiennent l'eau que les femmes amènent du forage.

Des patientes et leurs accompagnantes, nous riions beaucoup toutes ensemble, surtout quand je leur parle fufuldé.

Parfois les femmes m'invitent à manger avec elle, on mange donc avec la main droite. Très bon la boule de mil et la sauce.