jeudi 2 février 2012

Les journées sanitaires 2012


Pour commencer cet article (qui va être fort, en raison de l'importance de l’événement et de sa durée), il faut que je vous explique une organisation sanitaire très singulière que le Père Aurenche a mis en place l'année de son arrivée à Tokombéré.

Cette organisation je la résumerais sous le terme de « Soins de santé primaire ».
Quand le Père est arrivé à Tokombéré, il s'est vite aperçu que les patients venaient à l'hôpital dans des états avancés de leur maladie et que certaines d'entre elles aurait pu être évitées ou prévenues grâce à des gestes simples possible au village. De plus, le Père Aurenche comprend que les premiers agents de la santé ne sont pas les infirmiers et les médecins, mais l'homme lui-même, le père, la mère de famille, l'enfant. Que le lieu pour garantir une bonne santé n'est pas l'hôpital ou le dispensaire, mais le village.

Ainsi l'hôpital privé de Tokombéré devient le « Centre de Promotion de la Santé » et au-delà d'un changement c'est un changement de pratique auquel les infirmiers de l'hôpital doivent s'habituer. En effet le Père met en place des sorties dans les villages dès la fin de sa première année à Tokombéré, les infirmiers deviennent des agents itinérants.

Cette organisation perdure toujours aujourd'hui, chaque Jeudi l'hôpital se met en off -les services fonctionnent toujours- un certain nombre d'infirmier prennent la casquette d'agent itinérant et enfourchent leur moto, direction le village. Chaque agent itinérant à un secteur (c'est-à-dire qu'il va dans plusieurs villages qui sont proche les uns des autres), pour les grands secteurs, il peut y avoir deux agents itinérants.

Vous demanderez, mais peuvent-ils bien faire au village ?
Actuellement, le travail consiste surtout à de l'accompagnement, de la mise à jour de connaissances et comme on a vu en décembre il y assure des campagnes de vaccination ou informe sur les campagnes du gouvernement (comme la distribution de moustiquaires).
Quand ce projet a débuté, le travail des agents itinérants a été d'aider les villageois à créer des comité de santé, qui sont composé de d'habitants du village volontaires et choisit par le village pour assurer la PMI, la CPN, les conseils nutrition et les démonstrations de bouillies enrichies.
Chaque comité de santé comporte un bureau avec un président, un secrétaire...
Les familles viennent y inscrire les enfants pour la PMI et les femmes enceintes viennent s'inscrire auprès des responsables villageois qui font office de matrones.

Les activités :

Je vais vous décrire la PMI et la CPN, mais certainement il en existe d'autres que je ne connais pas encore, car je n'ai pas beaucoup eu l'occasion de sortir avec les agents itinérants.

La PMI  ou Protection Maternelle et Infantiles : certains d'entre vous connaisse la version française de cette abréviation, bien entendu ici rien à voir avec la France. LA PMI consiste avant à la prévention de la malnutrition. Les enfants du village inscrit à la PMI, doivent être pesé chaque mois et leur poids est reporté sur leur carnet de santé, où se trouve une courbe de poids. Ainsi les responsable villageois de la santé (RSV) chargés d e la PMI, peuvent dépister les enfants qui ne prennent pas poids et selon l'état la gravité de la perte de poids, soit les enfants sont envoyés à l'hôpital dans le service de pédiatrie pour malnutrition ou les RVS apprennent aux mères à faire de bouillies enrichies. Les aliments qui composent les bouillies enrichies : mils, arachides, sésames... sont gardé dans le grenier de l'enfant, dans lequel chaque famille ayant un ou plusieurs enfants inscrit à la PMI dépose des tasses de mils, d'arachides...

La CPN ou Consultation Prénatal, je vous en ai déjà parlé lors de l'article sur la maternité. Chaque femme enceinte s'inscrit auprès de la matrone de son village, qui va la suivre sur elle rentre dans les critères de physiologie ( la femme a déjà accouchée une fois, sans aucun problème, elle n'a jamais eu de césarienne ou de ventouse, elle n'a pas eu de déchirure ou d'épisiotomie, elle n'a jamais été malade pendant ses précédentes grossesses). La matrone va alors la suivre chaque, en remplissant consciencieusement le tampon qu'elle sera venue faire mettre sur le carnet de la femme à la maternité. La matrone (qui peut également être un homme), assurera l'ensemble suivi de la femme enceinte et fera l'accouchement.

De plus des animations sont faites par les RVS sur différents thèmes : sensibilisation à la vaccination, sensibilisation aux moustiquaires, sensibilisation aux dépistages précoces de certaines maladies, ce qui a permet éradiquer certaines maladies comme le tétanos néonatal, la rougeole ou la lèpres.

Les RVS sont choisit par le village pour leur sérieux et leur engagement, ils sont bénévoles, pour les remercier de leur travail pour le village, les mères du village viennent les aider aux champs en saison des pluies ou lors des récoltes. Les matrones reçoivent un morceaux de savon de la part de chaque femme qu'elles accouchent.

Après vous avoir raconté tous cela, vous allez dire et le lieu avec les journées sanitaires ?

Et bien les journées sanitaires sont le rassemblement pendant deux jours de tout les responsables villageois, afin de décider ensemble des prochaines priorités et actions qui seront menées pendant les deux années à venir.
En effet les journées sanitaires ont lieu tous les deux ans en alternance avec les journées de promotion humaine où les sujets sont plus divers que la santé.

Cette année le thème principale des journées est
« La responsabilité de chacun pour la santé au village »

Pour préparer les journées sanitaires, le conseil de l'hôpital a commencé d'organiser dès le mois de décembre, avec le choix du thème principal et des sous-thèmes.

Les journées ont débuté le jeudi 12 l'après-midi, avec seulement les membres du personnel.
Une réflexion a été menée sur le thème :
« Responsabilité au niveau de l'hôpital, au sein de mon service, dans mes activités au quotidien. »

Le personnel de l'hôpital était réparti en groupe comme suit :
    • Les permanents de service : équivalent des cadres de nos hôpitaux, sauf que eux travaillent au quotidien auprès des malades et font les soins.
    • La groupe hygiène
    • Le groupe santé publique : suivi des soins de santé primaire et des comité de santé.
    • Le groupe du service administratif.

J'étais chargé d'animer le groupe des permanents avec un autre infirmier qui n'est pas venu. Pourquoi j'étais chargé d'un groupe et de celui-ci en général ? Je me le demande encore.

Puis les journées proprement dites, ont commencé le vendredi matin à 9h heure officielle, à 10h-10h30 dans la réalité.

Environ 650 personnes sont attendues, je ne saurais dire combien elles sont exactement, je vous laisserais apprécier sur les photos.
Ces journées ont été ouvertes par un discours de l'adjointe du sous-préfet, puis suivi d'un discours du médecin-chef : le Père Aurenche. Ensuite l'animation a été assurée par le responsable administratif : Jacques NJIRO et le surveillant général et dentiste : Jean-Pierre ADOUKARA.

Le premier sous-thème de ce vendredi fut « La responsabilité de la famille dans la santé ». La coordination de ce sous-thème a été assurée par Sylvie MBATSARA (responsable de la nutrition à l'hôpital) et moi-même (et oui encore une fois, allez savoir pourquoi...).
Nous avions lors des semaines précédentes travaillées avec des villageoises engagées, car la spécigicité cette année est le témoignage. En effet ce sont les villageois qui prennent la parole cette année.

Ce premier sous-thème était réparti en trois points, chacun traité par une femme ou un couple du village :
  • la nutrtion, par une femme Chiga, a qui MBATSARA avait demandé d'intervenir et qui avait préparé directement avec elle.
  • La responsabilité familiale, appelée chez nous le planning familial : pour ce témoignage, c'est DAMZA qui est chargée du planning familial à la maternité qui a trouvé la femme et nous avons travaillé toutes les quatre pour préparer cette intervention.
  • La responsabilité du couple dans la santé de la famille, c'est couple de GODOBA qui a témoigné.
Ces présentations se sont très bien déroulées et ont eu un très bon retour des responsables villageois.

Après les présentations, chaque secteur se réunit pour discuter des thèmes abordés lors des témoignages.

L'après-midi le deuxième sous-thème « la responsabilité au niveau du village » est coordonnée par Pascal LITINI, un infirmier du dispensaire responsable des agents itinérants. Pour illustrer ce thème Pascal a fait intervenir des responsables du comité de santé de Gavalyam et un responsable du comité de vie de Yamagoulé. Leur intervention sont très intéressantes, avec un historique de leur comité et une description de leur organisation. Comme précédemment ces deux présentations sont suivie de concertation entre les villageois.

Le dernier thème est abordé le samedi matin, à la suite de la lecture des synthèses des concertations de la veille.
Le dernier thème est «  La responsabilité des agents itinérants », c'est le Dr ADOUKARA, qui a lu un texte qu'il avait préparé entre autre à partir des synthèses de la veille.

Les journées sanitaires se sont terminées par des flash info sur le SIDA, sur grossesse et hépatite B et sur les nouvelles réformes de l'hôpital.

Pour clore ces journées les médecin-chef a fait discours, avant que tous se retrouvent pour un verre (ou plutôt un calebasse) de l'amitié de bil-bil biensûr ( bil-bil = bière de mil).

Ce fut de bonnes journées bien remplies surtout pour les organisateurs.

Pour le plaisir des yeux:









1 commentaire:

  1. Merci pour les informations, c'est toujours aussi intéressant pour moi de savoir comment la médecine fonctionne et surtout en Afrique.

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