Voici bien des jours que je n’ai pas écrit dans ce blog. La raison est que j’ai été beaucoup occupé.
Comme l’annonce le titre de cet article j’ai passé une semaine dans le sud du pays, puis en revenant dans le nord, ma famille est venue me rendre de visite et comme le temps passe vite, nous voici déjà mi-mars quasiment.
Cet article est donc consacré à mon expédition dans le sud. Pour nous blancs et européen, habitué à nos réseaux de transports, je vous assure que voyager dans le pays est une réelle expédition.
La première partie de mon voyage a consisté à rejoindre Yaoundé (la capitale), voyage qui prend deux jours. Yaoundé est dans la région centre du pays (cf la carte à la fin). Pour rejoindre Yaoundé à partir de Tokombéré, il faut commencer par rejoindre Maroua, jusque là rien de difficile. Une fois à Maroua c’est là que l’aventure commence pour nous les blancs, tout en ayant conscience que pour les gens ici c’est la routine. A Maroua donc il faut prendre un car des compagnies de transport (compagnies privées), pour ma part se fut « Touristique », qui comme son nom ne l’indique pas, consacre son activité au transport de voyageurs entre les villes du Cameroun, surtout du nord si je ne trompe pas.
On prend donc un car et c’est partie pour rejoindre Ngaoundéré, ville chef-lieu de l’Adamaoua (cf carte), où se trouve la gare. A ce qui me concerne, je voyageais avec un ami, dont la famille réside à Garoua : chef-lieu de la région du nord à mi distance entre Maroua et Ngaoundéré ; nous avons donc fait une pause dans notre chemin pour Ngaoundéré. Ainsi les 8h de car prévus entre Maroua et Garoua se sont transformées en deux fois 3h45. Ce qui était fort appréciable, car 3h45 assis sur des sièges en sky dans une chaleur caniculaire, pour le française que je suis s’était un peu pénible, mais c’est ça aussi l’adaptation !
Pourquoi rejoindre spécialement Ngaoundéré me direz-vous ? Car c’est dans cette ville, que nous prenons le train de nuit pour arriver au petit matin à Yaoundé. Je n’ai pas fait de photos, car il y beaucoup de monde et donc beaucoup de risque de vol.
Le train c’est une autre aventure, l’ami avec qui je voyageais voulait me faire découvrir le vrai Cameroun, nous avons donc voyagé en seconde classe. Avant de vous raconter le voyage en train, il faut que je vous explique l’organisation des transports ferroviaires.
La voie Ngaoundéré-Yaoundé est desservie par deux trains de nuit. L’un part à 18h de Ngaoundéré et le second à la même heure de Yaoundé. Il y a seulement une voie sur cette ligne, donc vers 1h du matin le train s’arrête à Belabo, une ville au milieu du trajet, où la gare compte deux voies. A Belabo le premier des deux trains attend le second, quand j’ai voyagé, mon train était le premier, nous avons donc attendu celui de Yaoundé. C’est à cet endroit que se fait le croisement des deux trains. Chacun arrive à sa destination vers 8h du matin. Ainsi le trajet fait en tout 14h. En plus de Belabo, le train s’arrête dans une quinzaine de gares tout au long du trajet, ce qui explique également le temps de transport.
Le train est organisé en trois classes : les wagons couchettes à 27 000 CFA, la première classe à 17 000 CFA et la seconde à 10 000 CFA. Quelque soit la classe, chacun à un siège qui lui est attribué.
Voici le récit de mon voyage dans le train. La seconde classe, qui est la seule que j’ai vue, m’a fait penser aux anciens trains de banlieue, que je prenais petite avec ma grand-mère de Rambouillet, quand nous nous rendions à Paris. Les sièges sont en sky, couleurs marron-orange, mais ils sont en bon état, pas de trou, pas dévissé du sol. Ils sont placés par quatre (deux fois deux en vis-à-vis). Ainsi pour trajet de nuit où on espère dormir ce n’est pas du plus confortable. Il y a une allée centrale avec des sièges de part et d’autre. Des porteurs à la gare vous aident à ranger vos bagages dans les emplacements au-dessus de vos sièges, en échange d’un billet de 1000 CFA.
Jusque là rien de trop dépaysant, sauf peut-être le manque de confort, mais pour moi ce n’est qu’un détail. C’est ce que je vais vous raconter maintenant qui fait toute la différence. Dans le train en plus des voyageurs, beaucoup de personnes circulent. En premier lieu, les vendeurs ambulants, qui vous vendent tout et n’importe quoi : cela va des mots croisée, aux médicaments pour soigner l’impuissance, en passant par le porte carte, le code de la route, le code pénal, sans oublier les boissons et autres friandises. Et cela quasiment toute la nuit, au petit matin ils sortent de leurs poches le dentifrice qui vous rendra les dents plus blanches et soignera vos gingivites.
Régulièrement dans la nuit (pour moi se fut environ trois fois), le contrôleur vérifie les billets. En plus du contrôleur qui n’est pas très surprenant pour nous, la police fait des contrôles d’identité, les agents des eaux et forêts vérifient les sacs à la recherche de viande de brousse, issu du braconnage.
Au début du voyage, l’ami avec qui j’étais, a acheté un gros sac à provision à un vendeur ambulant. Sans rien lui dire, j’ai pensé très fortement que cette démarche était inutile puisque nous pourrions très certainement trouver ce genre de sac à Yaoundé. Ce n’est que lors de notre premier arrêt que j’ai compris. A chaque gare dans laquelle nous nous arrêtions, des dizaines de vendeurs, spécialement des mamas, venaient vendre leurs produits à travers les fenêtres du train. Ainsi nous pouvions entendre crier : manioc, bananes, ananas, pistache. C’est en particulier à Belabo, que les sacs à provisions se sont remplis : des bananes et des ananas à foison.
Avec tout ça vous pouvez imaginer que mon voyage ne fut pas très reposant, mais tellement en contact avec la vie des camerounais, que j’en suis très heureuse.
Nous sommes arrivés bien à l’heure à Yaoundé, où un petit crachin nous a accueilli et ma pensé fut « à oui c’est vrai qu’il y a des endroits dans le monde où il pleut », n’ayant pas vu une goutte de pluie depuis le 15 octobre dernier (ni un nuage d’ailleurs). En conséquence je n’avais que tongs et vêtements d’été, mais heureusement pour moi il n’a pas beaucoup plus. Je n’ai pas pris non plus de photos de Yaoundé, car c’est une ville où je me suis peu sentie en sécurité. C’est une grande ville africaine, comme on les imagine, ou comme on nous les montre dans les reportages sur l’Afrique. Les grands axes sont faits en goudron, mais on voit dans les quartiers des rues en terre battue, il y a beaucoup de circulation et des essaims de taxis jaunes, qui sont les transports en commun. En effet quand tu prends un taxi à Yaoundé, le taxi n’est pas pour toi seul, tu le partages avec divers personnes, la course est en générale de 100 CFA, tu décides du prix avant avec le chauffeur, il n’y a pas de compteur kilométrique comme chez nous.
C’est une ville avec beaucoup de mouvements et de bruits. A vrai dire je suis contente d’être dans un village et nous dans la capitale. Je n’ai pas trop apprécié Yaoundé, c’est une ville où je ne serais pas rassurée de me balader seule.
Le but de mon voyage était un week-end à Samgmélima, ville de la province du sud (près d’Ebolowa) où une rencontre avec d’autres volontaires de la DCC était organisée. J’étais contente de quitter Yaoundé, pour rejoindre le calme de la campagne. Ce séjour dans le sud m’a permis de réaliser ce que mes amis me disaient, à savoir que le Cameroun n’est pas un pays, mais bien plusieurs sous un même nom. Je comprends mieux pourquoi on me disait que les gens du sud ont du mal à s’adapter au nord.
La région du sud est visiblement plus riche qu’au nord. Là-bas pas de risque de famine, il y a des quantités et des quantités de fruits : ananas, bananes, noix de coco… Pas de problème de sécheresse, l’air est très humide et il pleut très souvent. Les gens aussi sont différents, ils sont moins noirs que dans le nord, peut-être parce qu’il y a plus de nuages. Ils sont plus gros et ont les très moins fins. Les habitations aussi sont différentes.
Voilà un pays à plusieurs facettes et selon mes amis les régions de l’Ouest et de l’Est sont encore différentes, elles feront l’objet des autres voyages.
ps: pour le moment la connexion ne me permet de vous mettre des photos, ce sera pour un prochain article spécial photos.
Bonjour,
RépondreSupprimerj'ai lu avec beaucoup d'intérêts votre Blog et vous avoue d'emblée que j'admire votre enthousiasme et la passion qui vous anime dans votre profession;
j'ai souhaité rédigé ce commentaire sur votre voyage dans le sud parce qu’il y a certains développements qui m'ont interpellé;
Originaire moi-même de l'extrême-nord Cameroun, je ne peux que comprendre la difficulté qu'il y a à rallier le sud du pays;c'est en cela que je ne partage pas votre opinion lorsque vous indiquez " tout en ayant conscience que pour les gens ici c’est la routine";
je peux en effet comprendre que pour vous blancs, comme vous le dites si à propos, " habitué à (vos) réseaux de transports" ces conditions de voyage puisse être épuisante,(encore que vous semblez avoir éprouvé beaucoup de plaisir au " contact avec la vie des camerounais"), mais je vous assure que c'est avec la même peine et souvent avec colère que nous, camerounais entreprenons ces voyages;
Je comprends évidemment qu'il s'agit là d'une opinion personnelle, laquelle découle certainement de votre expérience sur le terrain, mais je pense en même temps que vous devez relativiser et ne pas considérer qu'il s'agit forcément d'une sinécure ou d'une routine pour les gens d'ici;
Bravo en tout cas pour votre remarquable blog!